X-Men Extra 87 : Wolverine & Jubilé de Kathryn Immonen et Phil Noto
Le « X-Men Extra » de ce mois de décembre propose une série limitée parue sous le titre « Wolverine & Jubilee », et sous-titrée « Cursed » (« Maudite »). Un sous-titre que l’on comprend mieux si l’on se souvient que, lors de l’event « Curse of the mutants », Jubilé a été transformée en vampire par Xarus, le fils de Dracula. Si bien que les X-Men ont alors préféré l’enfermer dans une cellule, en attendant de déterminer ce qu’ils feraient d’elle. L’histoire commence donc avec une Jubilé emprisonnée entre quatre murs, dont le sort semble s’améliorer peu à peu au fil des premières pages, jusqu’à ce que la situation se révèle tout autre qu’on ne l’avait imaginée…
Kathryn Immonen, qui signe ce scénario plutôt habile, a su jouer sur un double registre. D’une part, elle donne une réelle consistance au personnage de Jubilé, qu’elle rend, d’une certaine manière, et malgré son sort, plus « humaine ». Et, lorsque Wolverine entre en scène, elle travaille intelligemment leur relation, qui évolue au fil du récit, devenant plus peu à peu complexe et plus riche. Comme il en va en général avec Immonen, nous n’avons pas de relations prédéfinies entre les personnages, qui détermineraient de manière conventionnelle leurs rapports pour toute la durée du récit. La nature de leurs échanges évolue selon les circonstances, et en tenant compte de la psychologie de chacun, et de leur passé respectif (même si, pour Wolverine, il peut être un peu difficile de s’y retrouver…).
Parallèlement, Kathryn Immonen n’en développe pas moins un véritable récit d’action, qu’elle entremêle habilement aux scènes plus psychologiques dont il vient d’être question, ne brisant ainsi jamais le tempo d’une histoire plutôt bien menée, et qui sait trouver – et imposer – son propre rythme.
Phil Noto, pour sa part, a opté pour un style graphique qui s’accorde plutôt bien avec ce récit. L’effet qu’il produit est assez particulier, dans la mesure où il est réaliste par certains aspects, et stylisé par d’autres.
Réaliste, le dessin de Noto l’est assurément par le rendu des corps, dont les proportions anatomiques sont scrupuleusement respectées, et donnent une impression de naturelle certaine, comme on le voit ci-contre. La finesse de l’encrage, réalisé par l’artiste lui-même, renforce cette impression, tout comme le rendu des cheveux en bataille, avec de nombreuses mèches, ou le jeu des ombres et des lumières, avec les variations de tons qui les traduisent.
En même temps, le dessin de Noto est esthétisé par divers procédés, à commencer par la nature des décors. Ceux-ci sont relativement peu détaillés, et plutôt suggérés par quelques lignes peu marquées, comme s’ils suffisaient d’en donner une idée ou un aperçu. Le procédé n’est pas sans élégance, dans la mesure où l’on n’a pas non plus le sentiment que le travail, en la matière, est bâclé – le trait reste expressif, même s’il suggère plutôt que de donner à voir –, mais il tend à « irréaliser » le cadre au sein duquel se déroule le récit.
Il en va de même des couleurs, également appliquées par l’artiste. D’une part, Phil Noto donne à la plupart des ses planches une forte identité tonale, et, d’autre part, s’il cherche à traduire les effets de la lumière, il ne souligne pas plus que cela les textures, et ne favorise manifestement pas une palette de couleurs « réalistes » : ses options sont clairement guidées avant tout par un souci purement esthétique. C’est particulièrement sensible dans la préférence qu’il manifeste pour les zones « claires », comme sur la planche ci-contre, où le blanc des tissus domine l’image, afin de mieux contraster avec la couleur chaude des peaux nues.
Ces options stylistiques, assez démarquées du comic book, pourront surprendre et irriter certains lecteurs, mais, encore une fois, elles servent plutôt bien le récit d’Immonen, en donnant à voir une histoire « vraie », sur le plan humain, mais aussi « irréelle » par bien des aspects.
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