Wolverine : Le meilleur dans sa partie, et l’un des pires comics de l’année

Publié le par megaglob

Wolverine Best There Is - BloodLa collection « MAX » accueille ce mois-ci l’un des plus mauvais comics publiés par Marvel, « Wolverine : The best there is ». Cette série limitée a été éreintée de manière unanime aux Etats-Unis lors de sa sortie, l’an passé, et il est à parier qu’elle le sera tout autant à l’occasion de sa publication en France. Elle représente en effet l’aboutissement ultime de l’exploitation à outrance de la « marque » Wolverine, dans tout ce qu’elle peut avoir à la fois de plus creux et de plus pervers.

 

Wolverine best there isTout d’abord, cette bande dessinée ne repose sur aucun scénario. Logan, qui vient d’échapper à une organisation qui le faisait combattre dans une arène, s’amourache d’une jeune femme, laquelle l’entraîne droit dans les mains… d’une autre organisation (quelle imagination !), dont les membres sont tous des pervers doués de pouvoirs de guérison comparables, sinon supérieurs, à ceux du Griffu. Et leur chef, Windsor, n’a d’autre idée en tête que de torturer Wolverine de toutes les manières possibles et imaginables.

 

On l’aura compris : on est ici au niveau zéro de l’imagination et de l’intelligence. Ces quelques excuses narratives, complètement creuses et stéréotypées, ne sont qu’un prétexte à une suite de scènes de boucherie qui ne mènent nulle part, et ne servent à rien, sinon à flatter les plus bas instincts du lecteur – ou, plutôt, du voyeur, dans la mesure où il n’y a vraiment pas grand chose à lire, côté texte.

 

On pouvait tout de même espérer mieux de Charlie Huston, lequel est aux Etats-Unis un romancier plutôt apprécié pour ses récits très sombres, qui tirent souvent vers le fantastique. Mais il est vrai que sa contribution au relaunch de Moon Knight n’a pas non plus été très appréciée, tant il a accentué le côté obscur et trouble du personnage, sans respect pour la continuité de l’univers Marvel. Ici, ce n’est pas un problème de fidélité à l’esprit « Wolverine », vu qu’il n’y a pas d’histoire, mais d’inconsistance absolue du récit, qui ne fait que cumuler des phantasmes aussi banals que vulgaires, alliant sexe et violence, avec toute la panoplie du sadomasochisme et autres déviations.

 

wolverine bst there is 2Côté dessin, c’est à un artiste espagnol que ce récit grand guignolesque a été confié, Juan José Ryp. Son style est d’ailleurs plus européen que comic book, avec un dessin très fouillé et en même temps très lisible, assez « ligne claire » quelque part, qui n’est pas sans qualité intrinsèque. Mais pue importe le talent de Ryp : dans la bande dessinée, le dessin se doit de raconter quelque chose, et cela devient très difficile quand il n’y a pas d’histoire. Aussi l’artiste alterne-t-il sans cesse des vues d’ensemble, qui offrent une galerie de personnages tous plus sordides les uns que les autres, tous grimaçant de la même manière ou prenant des poses lascives, avec des images de torture ou de combat, où les personnages, les traits toujours aussi crispés, sont auréolés de grandes gerbes de sang complètement improbables. Rien de surprenant : faute d’avoir quoi que ce soit à raconter, l’artiste en est réduit à « faire de belles images », qui sont aussi creuses que le non-scénario de Huston.

 

Wolverine-best-there-is-7Il reste à terminer par une mention toute particulière pour Panini. Tout d’abord, comment ne pas éclater de rire en découvrant la traduction de « The best there is » par « Le meilleur dans sa partie » ? Comment imaginer titre moins accrocheur que celui-là ? On a l’impression qu’il s’agit d’un manuel technique quelconque et non d’une bande dessinée. Pourquoi le traducteur n’a-t-il pas opté pour quelque chose comme « Le meilleur de tous », qui aurait été bien préférable, et bien plus commercial ?

 

Mais, surtout, comment l’éditeur a-t-il pu prendre la décision de traduire un tel titre, et ce, alors que de vrais petits bijoux attendent toujours leur VF, comme les « Agents de l’Atlas », « Hercule », ou des petites séries limitées comme « Ares » ou « Gorilla Man » ? La réponse est connue d’avance : Wolverine fait vendre à coup sûr, et le grand public n’achète pas les titres qui mettent en scène des personnages qui ne sont pas aussi connus que les « premiers de couverture ». Oui, mais si ces séries ne sont pas éditées en France, comment le public pourrait-il les découvrir ? Et n’est-ce pas le rôle d’un éditeur que de prendre, ne serait-ce qu’une fois de temps en temps, un risque, en cherchant à faire connaître des titres que, sans lui, le lecteur n’ira sans doute pas chercher ? D’autant que le risque, lorsque l’on fait parti d’un groupe qui réalise plus de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires, est pour le moins réduit…

 

« Wolverine : Le meilleur dans sa partie », et l’un des pire comics de l’année : à boycotter, si vous aimez les comics.

 

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Publié dans Revues & Albums

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