Marvel Stars Hors série 2 : Goulag, la dernière aventure de Captain America
Cette deuxième livraison de « Marvel Star Hors série » permettra au lecteur de découvrir entre autres « Goulag », la dernière aventure de Bucky Barnes dans la peau de Captain America – ou l’avant-dernière, si l’on considère que l’event « Fear Itself » lui offre une ultime et tragique apparition. Cela n’a pas empêché Panini de publier « Goulag » deux semaines après avoir sorti le troisième numéro de « Fear Itself », où Bucky trouve la mort. Mais l’incohérence, une fois de plus, est à imputer à l’éditeur français et non pas à Marvel : les fascicules 616 à 619 de la revue « Captain America », qui correspondent aux épisodes que vous trouverez dans ce hors-série, ont été publiés à l’automne et l’hiver derniers, avant que « Fear Itself » ne soit lancé, au printemps 2011.
« Goulag » fait suite au récit publié en décembre dernier dans le « Marvel Icons Hors série 23 ». A la dernière page de cet arc, après avoir gagné le procès qui avait été engagé contre lui, suite à la divulgation par le baron Zemo de ses activités en tant que Soldat de l’hiver, Bucky Barnes se voyait notifier sa demande d’extradition auprès des autorités russes, pour le même motif. Nous le retrouvons prisonnier dans un goulag, et se refusant à fuir pour ne pas créer un incident diplomatique entre les Etats-Unis et la Russie.
Ed Brubaker a opté pour un début in medias res, selon la formule consacrée, c’est-à-dire en pleine action, puisque dès la première page Bucky se bat dans une arène contre Ursa, une ourse monstrueuse, qui est aussi le symbole vivant de la Russie. Suivent des flashes-backs qui dépeignent peu à peu la situation calamiteuse dans laquelle se trouve désormais Bucky. Et, en la matière, on peut dire que Brubaker a fait très fort. Il imagine un camp de prisonniers où dominent les gangs, et où les détenus se divertissent en organisant des combats à mort dans une arène. Soit un goulag qui ressemble fort à un lieu de non droit, plutôt inspiré de films comme « New York 1997 » de John Carpenter que de la réalité carcérale de la Russie contemporaine. Et, bien entendu, plusieurs super-vilains que Bucky Barnes avait jadis croisé sur son chemin s’y sont donnés rendez-vous, qu’ils y soient détenus ou geôliers.
Brubaker, en parfait virtuose, mène son récit sans temps mort, accumulant les menaces qui pèsent sur Bucky, tout en distillant peu à peu des informations qui permettent de comprendre que l’ex-Captain America est tombé dans un piège ourdi par l’un de ses pires ennemis. Le final, dont je ne dévoilerai pas la nature, est particulièrement réussi, avec une évasion spectaculaire, de celle que l’on ne peut trouver que dans les comics super-héroïques.
Côté dessin, si « Goulag » est mis en images, pour son premier épisode, par Mike Deodato, c’est Butch Guice qui prend ensuite la relève. Cet artiste, qui nous a habitué à du très bon travail, s’est cette fois-ci surpassé, peut-être parce qu’il savait qu’il achevait là son run sur la saga « Bucky Barnes / Captain America », tout comme son complice Ed Brubaker. Son style réaliste et noir fait ici merveille, s’accordant on ne peut mieux avec l’atmosphère générale du récit. Les scènes d’action, assez nombreuses, sont toujours très rythmées, avec des découpages audacieux, grâce à des cases aux formes brisées, souvent assez étirées, et des ellipses marquées, qui traduisent au mieux la rapidité avec laquelle les coups sont échangés (voir ci-dessus). Et Guice compose quelques planches particulièrement réussies, lorsque Bucky se remémore les crimes et les exactions commises par le Soldat de l’Hiver, l’espace de la page étant alors envahi par de nombreuses images dont la disposition tout comme le contenu reflètent tout autant le chaos que l’incertitude de sa mémoire fragmentaire.
Un scénario maîtrisé de bout en bout, admirablement servi sur le plan graphique : que demander de plus ? Ce « Goulag » est « le » comics du mois.
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