Dark Reign 13 : « Siège », Sentry et les Vengeurs noirs
L’épisode des Vengeurs noirs qui paraît ce mois-ci dans « Dark Reign » est sorti initialement en mars 2010 dans la revue « Dark Avengers ». Il ouvre un récit intitulé « Siège », du nom du cross-over qui va hanter la plupart des publications Panini jusqu’en janvier. Et force est de reconnaître que ce chapitre, qui fait la part belle à Sentry, est une bonne surprise.
Sur le plan scénaristique, tout d’abord, Brian M. Bendis résout une attente posée dans « L’Homme-molécule », la dernière aventure en date des Vengeurs noirs. En effet, il n’a pas échappé au lecteur que, dans les premières pages de ce récit, Sentry avait reçu en plein visage une décharge d’énergie, de la part de sa chère et tendre Lindy. Or, nous ignorions jusqu’à présent par quel miracle il était réapparu, comme si de rien n’était, aux côtés des autres Vengeurs, dans le raid qu’ils avaient ensuite mené contre Molecule-Man. Bien sûr, cet affrontement avait révélé la toute-puissance de Sentry, ce qui nous permettait d’inférer qu’il s’était remis d’avoir eu la moitié de la tête d’arrachée. Mais il manquait quand même une véritable explication…
C’est elle que délivre ici Bendis, et que je ne révélerai pas dans ces lignes, pour ne pas gâcher votre plaisir de lecteur. Le chapitre, entièrement tourné vers notre super-schizophrène préféré, est construit sur une suite de retours en arrière, habilement articulés les uns avec les autres, qui éclairent d’un jour nouveau ce personnage relativement récent dans l’univers Marvel. Et tout laisse à penser qu’il connaîtra de futurs développements, tant les perspectives narratives qu’il ouvre sont intéressantes.
Ce scénario plutôt malin est servi côté dessin par un Mike Deodato en pleine forme, et dont on peut dire, alors que la série touche à sa fin, qu’il aura produit sur les « Dark Avengers » un travail de qualité. Je ne reviendrai pas ici sur certaines caractéristiques stylistiques particulièrement saillantes de son dessin, tels que les encrages ou le souci constant de la composition, dont j’ai déjà parlé à propos de « L’Homme-Molécule ». Cet opus se distingue néanmoins par le recours à des techniques particulières, lorsqu’il s’agit de représenter un passé particulièrement lointain.
Le chapitre s’ouvre ainsi sur une scène biblique, qui se déroule en Egypte, 1.600 ans avant notre ère, juste avant que Dieu ne frappe, en tuant le premier né de chaque famille égyptienne (voir les planches reproduites plus haut). Ces pages ont une belle unité tonale, tout en gris, ocre, orangé et sépia, comme sur des photographies anciennes, suite au travail du coloriste, Rain Beredo. Mais la qualité intrinsèque du dessin contribue aussi à la force de cette évocation, comme le montrent les agrandissements ci-dessus. Qu’il s’agisse de la foule assemblée devant le prophète, ou de la ville qui s’enténèbre à l’approche de la nuit – et de la justice divine –, la finesse du tracé comme le jeu des ombres produisent un bel effet esthétique, qui donnent à ce passage tout son crédit.
Ces options ne sont pas reprises par la suite, mais Deodato choisit une autre stratégie de démarcation, lorsque le récit dévoile la vérité sur les origines de Sentry. Il propose en effet plusieurs pages comme celle reproduite ci-contre, qui sont simplement encrées, sans être colorées, et dont les effets de lumière et la profondeur de champ sont traduits uniquement par des dégradés de gris. Là encore, comme avec les couleurs sépias des deux premières pages, on rencontre une technique – le recours au noir et blanc – qui évoque une pratique photographique ancienne, en accord avec le sujet.
Ce premier épisode du « Siège » des Dark Avengers commence donc on ne peut mieux, tant d’un point de vue narratif que visuel, et on ne peut qu’espérer être aussi agréablement surpris par la suite.
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