X-Men Universe 16 : Uncanny X-Force : L’Ere d’Archangel

Publié le par megaglob

prv9409_cov.jpg« Uncanny X-Force » fait partie de ces séries qui, épisode après épisode, confirme leur excellente tenue, aussi bien pour ce qui est du scénario que du dessin. Et le chapitre publié ce mois-ci dans « X-Men Universe » ne fait pas exception à la règle.

 

Rick Remender, en quelques pages, va complètement modifier le rapport de force entre Archangel et les mutants de la X-Force. La première partie de l’épisode est occupée pour l’essentiel par une lutte mémorable entre les deux camps, qui va mettre Wolverine hors jeu, et séparer Psylocke des siens.

 

En effet, la jeune femme, aveuglée par ses sentiments pour Warren, et convaincue qu'elle peut encore le guérir de l’emprise de son mauvais démon, consent à le suivre à l’issue du combat. Une décision tout à faut logique, compte tenu de sa psychologie. Mais le lecteur sait déjà, pour avoir lu les toutes premières pages, qu’Archangel a totalement perdu la raison, et qu’elle se jette littéralement dans la gueule du loup.

uncanny-x-force-14-db-page.jpgUn sentiment qui sera confirmé dans le deuxième temps du récit lorsqu’elle va tenter, en vain, de le détourner de ses desseins. Ce passage donne lieu à une scène très habilement menée, où Remender, avec la complicité de Jerome Opeña, joue sur les clichés narratifs. Les deux anciens amants dialoguent à bord d’une embarcation qui n’est pas sans point commun avec une gondole, et qui dérive sur les canaux d’Akkaba, la ville forteresse cachée sous le pôle nord, où Archangel prépare l’apocalypse. Mais ce cadre, qui aurait pu être idyllique et donner lieu à une scène de romance, est baigné de la lueur bleutée qui règne en ce lieu froid et glacé, ce qui contraste avec le stéréotype de la promenade romantique à Venise, et annonce déjà l’issue dramatique de la conversation, du fait même de cette dissonance tonale par rapport au stéréotype que suggèrent les autres éléments de la scène.

 

prv9409_pg5.jpgLe chapitre s’achève sur un troisième et dernier temps, emmené avec une grande économie mais aussi une grande efficacité de moyens, la sobriété du traitement ne faisant qu’ajouter à l’horreur. Archangel va en effet procéder à un test grandeur nature, qui préfigure l’apocalypse qu’il compte faire déferler sur la Terre : il va raser, avec tous ses habitants, une petite ville des Etats-Unis. Et il le fait avec la complicité d’un nouvel allié, Genocide, le fils d’Autumn Rolfson. Celui-ci a la forme d’un élémental de feu, dont l’énergie destructrice est contenue dans une colossale armure de métal (voir ci-contre). Une silhouette infernal qui contraste avec son esprit, qui est celui d’un enfant. Sa naïveté et son innocence ne feront que rendre plus pathétique encore la manière dont Archangel va se servir de lui pour rayer une ville entière de la carte.

 

Parvenu au terme de cet épisode, nos super-héros sont en déroute, Wolverine à demi-carbonisé, et Archangel et Dark Beast sur le point de faire triompher leur vision destructrice de l’avenir. Si le lecteur se doute bien que le mal ne va pas l’emporter, il lui est bien difficile d’imaginer comment la situation va pouvoir se retourner en faveur de la X-Force. Et pourtant, tous les éléments vous ont été donnés dans les chapitres précédents…

 

prv9409_pg1.jpgSignalons, pour la petite histoire, que Rick Remender joue ici avec quelques références. Hormis le renversement du cliché vénitien, dont il a été question plus haut, le nom qu’Archangel donne à son raid, « tabula rasa », est la formule latine pour « table rase », comme on le devine. Elle vient de ce que, dans l’Antiquité, on écrivait sur des « tabulae », qui étaient soit des plaques de bois recouverte de cire, soit des plaques de marbre. On faisait « table rase » de ce qui avait été écrit en repassant une couche de cire, après avoir gratté la précédente, ou en burinant la plaque de marbre, afin de supprimer les inscriptions qui y avaient été gravées. L’expression est devenue une formule qui signifie que l’on efface tout pour repartir à zéro.

 

De même, la ville forteresse d’Archangel se nomme « Akkaba », ce qui évoque une ville de Jordanie, dont la dénomination en français est « Akaba » ou « Aqaba ». Or, il se trouve que cette ville est riche d’une longue histoire. Située à un carrefour stratégique, entre les routes commerciales qui relient l’Europe, l’Afrique et l’Asie, elle est citée dans la Bible, où il est dit que le roi Salomon y fit construire des bateaux, et elle a été le théâtre de nombreux conflits armés, entre autres à l’époque des Croisades et, plus récemment, pendant la première guerre mondiale, où le célèbre Lawrence d’Arabie s’empara de la place en 1917, pour le compte du gouvernement anglais. Comme on le voit, ce n’est pas un hasard si Remender a choisi ce nom, qui évoque une ville à la charnière des mondes, et pour laquelle des nombreuses forces armées se sont battues.

 

prv9409_pg4.jpgPour être complet, il reste à souligner, pour autant que cela soit utile, que cet opus est admirablement mis en images par Jerome Opeña, lequel continue de fournir un sans faute sur cette série. Son style, très réaliste, contribue à porter au-delà de ses propres limites le scénario de Remender, en lui donnant une force et une cruauté que seul le graphisme qui est le sien pouvait lui conférer. Et c’est ce qui fait la force de ce titre, la parfaite concordance entre un récit d’une grande originalité, qui tient par bien des côtés de la science-fiction, et un univers graphique doué d’une forte identité, mais que le dessinateur met tout entier au service de l’histoire, sans chercher du tout à épater le lecteur pour se mettre soi-même en valeur. C’est aussi à cela que l’on reconnaît les grands artistes...

 

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Publié dans Revues & Albums

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