Siege 2 : Un combat épique signé Olivier Coipel
Le deuxième numéro de « Siège » s’ouvre sur le second chapitre du récit éponyme, paru aux Etats-Unis en avril 2010. Après un premier volet où Norman Osborn lançait ses troupes sur Asgard, et qui se terminait par un cliff hanger pour le moins inquiétant pour les fans de Thor, Brian Michael Bendis déploie ici un épisode plein de rythme et de rebondissements, qui plonge le lecteur au cœur de la mêlée, les scènes d’action succédant aux scènes d’action. Et c’est certainement ce que Bendis sait faire de mieux.
Quitte à paraître un peu sacrilège aux yeux de certains aficionados, ce scénariste montre souvent ses limites lorsqu’il s’attaque à des récits plus ambitieux, ou plus intériorisés, comme l’a montré sa récente « Spider-woman Agent du S.H.I.E.L.D. », qui sonnait un peu le creux. En revanche, lorsqu’il s’agit d’entraîner son lecteur dans une cascade de scènes d’action qui vont crescendo dans l’outrance, il sait mener sa barque, et faire preuve d’un réel savoir-faire.
En lisant ce chapitre, vous irez en effet de surprise en surprise, Bendis enchaînant plusieurs coups de théâtre qui, tout en surprenant le lecteur, ne s’inscrivent pas moins dans la continuité narrative non seulement du cross-over « Siège » dans son ensemble, mais aussi – et surtout – dans celle de « Dark Reign ». De telle sorte que, lorsque survient telle péripétie, on se surprend à se dire : mais, oui, bien sûr, c’est normal qu’il – ou elle – agisse ainsi.
Ce qui ne fait bien sûr qu’ajouter au plaisir que l’on prend à la lecture de ce petit opus. Reste à savoir où il nous mènera, mais la réponse ne viendra que dans les tout prochains mois.
Côté dessin, ce scénario endiablé est soutenu par Olivier Coipel, dont le travail est remarquable d’homogénéité. Comme illustré ci-dessus et ci-dessous, nous avons droit entre autres à quelques superbes doubles splashes-pages. On en appréciera le dynamisme, que l’on doit tout autant au découpage, et à la mise en page qui vient le souligner, qu’à des dessins d’une grande expressivité. Très lisibles avec leurs lignes claires, ils sont suffisamment dépouillés pour viser à l’essentiel (la mise en valeur d’un visage, d’une pose, d’une action), sans pour autant donner une impression de facilité.
La double page mettant en scène le meurtre commis par Sentry (ne comptez pas sur moi pour vous dire qui est la victime…) est particulièrement exemplaire en la matière. Le corps déchiqueté dessine un arc de cercle auquel répond, comme par symétrie, le corps de Sentry, avec ses bras écartés. Le silhouette de ce dernier, proprement colorée de bleu et de jaune, est entourée d’un trait fin qui en précise les contours, tandis que la masse des entrailles se perd dans l’imprécision, submergée par des dégradés de rouges. Et, autour de ce centre, gravitent les visages surpris, sinon atterrés, de nombreux belligérants, dans de petites cases aux formes variées, qui évoquent autant de gravats ou d’éclats de verre.
Cette maîtrise avérée des grandes pages dédiées à l’action n’empêche pas l’artiste de gérer également avec efficacité des passages plus statiques, comme le montre cette planche mettant en scène Arès, alors qu’Heimdall lui dit qu’il a eu tort de s'engager aux côtés de Norman Osborn. La tension tout intérieure qui habite le dieu de la guerre est parfaitement traduite par le jeu des cadrages, qui se resserrent de plus en plus sur le visage du guerrier, tout en conservant en contre-point la présence du champ de bataille, que ce soit par les personnages en arrière-plan, ou par la simple représentation des fumerolles qui s’élèvent alentour.
Des dessins que les encrages tout en nuances de Mark Morales et les couleurs à la fois expressives et réalistes de Laura Martin viennent ici servir on ne peut mieux.
On l’aura compris, ce second chapitre de « Siège » s’avère encore meilleur que le précédent, si l’on aime les scènes épiques, et l’on attend avec impatience de découvrir la suite le mois prochain.
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