Marvel Universe Hors série 12 : Le Silver Surfer de Greg Pak

Publié le par megaglob

SILVERSURFER 1 CoverLe numéro spécial de « Marvel Universe » qui vient de sortir en kiosque regroupe les cinq chapitres d’une série limitée parue l’an dernier aux Etats-Unis, sous le titre générique de « Silver Surfer ». Un titre qui met en avant le seul nom du protagoniste, qui est aussi l’un des personnages les plus populaires du catalogue Marvel.

 

C’est à Greg Pak que le scénario en a été confié, un auteur dont les lecteurs français peuvent découvrir ce mois-ci la suite de son run sur  « Hulk » au format  « Marvel Monster ». Le moins que l’on puisse dire est que la tâche n’était pas facile, dans la mesure où une forte contrainte pèse sur une telle commande : le scénariste doit, d’une part, tenir compte d’un lourd passé, qui modèle le personnage, et, d’autre part, l’histoire ne saurait modifier de façon réelle et sérieuse sa destinée. Quoi qu’il lui arrive, il devra à la fin réintégrer son costume de Surfer d’Argent.

 

Face à de telles contraintes, Greg Pak a opté pour une solution radicale, ainsi qu’il le fait souvent, comme l’ont montré certains revirements pour le moins inattendus dans son run sur « Hulk », ou celui sur « Hercules », une série qui, malheureusement, n'a été que très partiellement traduite en français. Pak a ainsi imaginé que Norrin Radd allait tout simplement perdre ses super-pouvoirs et redevenir, le temps d’un récit, l’homme de Zenn-La qu’il était à l’origine (un Zenn-Lanien ?). Force est de reconnaître qu’il était difficile de frapper plus fort, mais, en même temps, il s’agit-là d’un cliché récurrent dans les aventures des super-héros, qui doit être aussi vieux que les comics eux-mêmes. Superman et la kryptonite sont là pour nous le rappeler.

silver-surfer-1-of-5-wtfA partir de cet argument de base, le scénario se développe sur un mode qui reste assez conventionnel. Pour que le Silver Surfer perde ses pouvoirs, il fallait bien sûr qu’un super-vilain manigançât contre lui, et Greg Pak fait ici appel au Maître de l’Evolution. Or, si le personnage est fascinant en soi, et directement lié à l’univers du Surfer, par sa dimension cosmique, un tel choix n'en demeure pas moins sans grande originalité en regard de leur histoire respective, et l'on ne peut s’empêcher d’avoir un certain sentiment de déjà-vu. Lequel se confirmera dans la mesure où, de même que le Surfer redeviendra à la fin de l'histoire le héraut de Galactus, le Maître de l'Evolution restera tel qu'il est. Continuité oblige.

 

 

silver-surfer-2Face à cet antagoniste, Greg Pak va bien sûr placer une « aide » – ce que l’on appelle un « adjuvant » en termes plus techniques –, la superbe Suzi Endo. Travaillant dans la base où Norrin Radd est incarcéré après été dépossédé de ses pouvoirs, elle sera bien entendu la seule, dans ce monde de bruts, à comprendre sa personnalité, et elle finira par l’aider à s’enfuir, et tenter de retrouver sa forme initiale. Une fois de plus, on reconnaît là une ficelle bien connue des scénarios de films d’action et, même si tout cela est rondement mené et que Suzi Endo ne joue pas seulement les faire-valoir, l’impression que tout cela n’est pas d’une très grande originalité persiste.

 

Et, malheureusement, les événements qui suivront ne feront que la confirmer. Le Maître de l’Evolution a mis au point un procédé qui lui permet de faire croître à une vitesse phénoménale, en plein désert, une faune et une flore exotiques, dans laquelle Norrin Radd et le Docteur Endo vont s’égarer quelque temps, alors qu’ils tentaient de remonter une piste. Il s’agit là d’un stéréotype du récit de science-fiction, dont on a de nombreux exemples du côté du roman, avec des œuvres telles que « Darwinia » de Robert Charles Wilson, mais aussi au cinéma, avec des films comme « Le Monde interdit » ou « Jurassic Park » : dans un lieu isolé, les héros découvrent une nature luxuriante qui, de séduisante qu’elle peut paraître dans un premier temps, finit par se révéler menaçante. Greg Pak en tire néanmoins le chapitre le plus original de cet opus, avec des effets visuels plutôt sympathiques, et, pendant quelques pages, on retrouve le ton des passages les plus délirants de la série « Hercules ».

 

silver-surfer-4La conclusion renouera toutefois avec des péripéties plus conventionnelles. Suivant un retournement de situation tel qu’il en arrive fréquemment dans les comics, l’adjuvant, la belle Suzi Endo, sera investie des pouvoirs du Silver Surfer, suite aux manigances du Maître de l’Evolution, et deviendra sa rivale. Suit un beau combat final entre la belle et Norrin Radd, sur fond d’amourette, auquel participeront les Quatre fantastiques, venus au secours du Surfer. Comme on le devine, c’est à la fois sans grande surprise, entre autres tout le côté romance, et un peu tiré par les cheveux, Reed Richards semblant tout de même tomber dans cette historie comme un cheveu sur la soupe.

 

En conclusion, si Greg Pak fait montre en général d’un esprit inventif, et sait emmener un récit tambour battant – ce qui reste vrai pour cette péripétie du Surfer, qui se déroule sans temps mort –, il a cette fois-ci clairement manqué d’inspiration, et recourt plus souvent que de coutume à des ficelles plutôt usées du métier. Cela arrive.

 

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S
"Reed Richards semblant tout de même tomber dans cette historie comme un cheveu sur la soupe."<br /> <br /> --> Oui, d’autant plus que la manière dont il permet au Surfer de recouvrer ses pouvoirs est assez tirée par les cheveux.<br /> Malgré tout, sans être exceptionnelle, cela reste une bonne saga.<br /> J’ai bien aimé les 2 paradoxes mis en avant dans cette histoire : Celui du maitre de l’évolution qui crée la vie au risque d’en détruire d’autres et celui de Galactus qui lui doit détruire afin que<br /> perdure la création.<br /> J’ai bien aimé aussi le dénouement final ou Galactus utilise un stratagème mesquin pour récupérer son Hérault et lui faire perdre son humanité.<br /> Petit bémol cependant à la partie graphique : Les dessins manquent de lisibilité sur certaines cases.
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M
<br /> <br /> Oui, les personnages du Maître de l'Evolution et de Galactus sont, de toute façon, toujours assez fascinants, chacun dans leur genre. Et le Surfer aussi - même si je préfère quand il surfe<br /> <br /> <br /> <br /> <br />