Marvel Stars 9 : Les « Secret Avengers » d’Ed Brubaker et Will Conrad

A côté d’un épisode des « Thunderblots » consacré aux origines du Fantôme, le « Marvel Stars » de ce mois propose entre autres le premier volet d’un récit en deux actes mettant en scène les « Secret Avengers », et consacré à John Steele. Ed Brubaker tente d’expliquer le comportement du mercenaire pronazi que Steve Rogers et son équipe ont arrêté à la fin de l’épisode précédent, en explorant les souvenirs des deux super-soldats. Le scénariste nous entraîne ainsi jusqu’à la deuxième guerre mondiale, une époque où Steele faisait équipe avec Captain America, et combattait tout comme lui les agissements des nazis.

Ed Brubaker brode sur ce canevas un récit d’inspiration classique. Steve Rogers et John Steele pénètrent nuitamment dans une forteresse aux allures gothiques – comme il se doit –, où les Nazis font équipe avec le Conseil de l’ombre, la mystérieuse organisation qui est en ligne de mire des Secret Avengers, depuis la création de la série, au commencement de l’« Age héroïque ». Et, bien entendu, Cap et son acolyte vont y rencontrer des espèces de loups-garous zombis, avant d’être confronté, lors de l’épisode prochain, à des monstres encore plus hideux. Cela se laisse lire sans ennui, mais, hormis peut-être le cliff-hanger sur lequel s’achève cet épisode, on ne peut pas dire que la narration révèle beaucoup de surprises, et fasse preuve de beaucoup d’imagination.

Ce scénario est mis en images par Will Conrad, qui prend ici la relève de Mike Deodato, lequel, pour l’essentiel, avait dessiné les chapitres précédents. Ce jeune artiste a collaboré à des séries comme « Black Panther » ou « She-Hulk », et s’est surtout fait remarquer tout récemment par ses prestations sur les séries mutantes, sur « Wolverine : Origins » et surtout « X-23 », qu’il a lancé en collaboration avec Marjorie Liu pour le scénario. Comme on le voit sur l’extrait ci-contre, cet auteur travaille de manière classique pour ce qui est de la composition générale, avec des personnages en premier plan représentés tout en force, avec des ombrages appuyés pour marquer les courbes de leur musculature, ou traduire les textures des vêtements, comme cela est particulièrement visible sur le pull de John Steele. En ceci, le style de Conrad s’approche de celui de Deodato, auquel il succède donc sans trop de heurt.

Les décors en arrière-plan sont réalisés avec un tracé plus fin, quand ils existent, ce qui, là aussi, est plutôt traditionnel. Le procédé tend même à se réduire à un simple crayonné sur les reliefs montagneux, comme on le voit sur l’extrait reproduit ci-contre, que les couleurs, toutes dans les bleus, épousent de leur mieux, afin d'en rendre les effets.

Par contre, le ciel étoilé qui sert de fond sur les première et troisième cases a certainement été intégré après coup, dans la mesure où ni les étoiles, ni les zones sombres du firmament ne sont à proprement parler « dessinées ». Et, dans la seconde case, Conrad a utilisé un « fond » d’arbres un peu passe-partout, que l’on retrouve sur d’autres images (voir ci-contre). Ces procédés, en soi plus « modernes », se combinent sans véritable dissonance avec les précédents, mais ils sont peut-être un peu contradictoires avec l’esthétique globale d’un récit censé se dérouler dans les années 1940.

Au final, ce « Trouble with John Steele » est honnête, mais sans plus.

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