Marvel Monster : Fear Itself 2 : Le retour de Speedball

Publié le par megaglob

penance-2-a.jpgPanini publie ce mois-ci un deuxième et dernier album compilant des tie-in dérivés de l’évent « Fear Itself » : les séries limitées « Youth in revolt », « Hulk versus Dracula » et un récit mettant en scène Speedball, qui n’a pas de titre générique. Cette dernière série est parue dans la revue « Fear Itself : The Home Front », publiée l’an dernier aux Etats-Unis, parallèlement à « Fear Itself ».

 

Il est fréquent que Marvel double ainsi un évent par un tie-in estampillé « The Home Front », une expression que l’on traduit souvent en français par « le front de l’intérieur ». La formule renvoie à l’idée que les Etats-Unis n’ont pas à craindre seulement un ennemi extérieur, qui menacerait leur sécurité, mais aussi un ennemi intérieur, plus insidieux et plus insaisissable. Historiquement, l’expression est née durant la seconde guerre mondiale, des espions nazis ayant effectivement infiltré le pays. Et Captain America, à une période de sa carrière, ainsi qu’un certain nombre de super-héros des origines, s’employèrent à lutter sur ce front. Mais la crainte d’un ennemi venu de l’intérieur prit surtout de l’ampleur pendant la guerre froide, tout au long des années 50 et 60, période qui devait entre autres voir l’apparition d’Iron Man, un personnage spécialisé au départ dans la lutte contre les communistes. Marvel a donc repris à son compte cette peur qui est profondément enracinée dans l’imaginaire américain et que, dans un passé encore récent, l’attentat contre les tours du World Trade Center a ravivée.

penance-2-B.jpgLes tie-in publiés dans ce type de revues sont très inégaux. Le « Home Front » de « Siège » était d’excellente tenue, celui de « Fear Itself » est nettement moins réussi, peut-être parce qu’il est aussi plus dispersé sur le plan narratif. Il n’en demeure pas moins que le récit de Christos Gage dédié à Speedball est de loin le plus intéressant. Rappelons que Speedball est doué d’un pouvoir singulier : il renvoie, augmentée, la force cinétique des coups qu’il reçoit. Il faisait partie par le passé des New Warriors, et il est responsable de l’explosion qui a ravagé Stanford et tué six cents personnes. Certes, il n’a pas agi sciemment, puisqu’il s’est attaqué à Nitro, l’un des criminels qu’il pourchassait, sans savoir que celui-ci avait augmenté son pouvoir à tel point qu’il a explosé, et dévasté la ville. Mais ce jeune homme épris d’un idéal de justice en a ressenti une telle culpabilité, qu’il est devenu ensuite le fameux Penance, l’un des sbires de Norman Osborn pendant la période Dark Reign. Revêtu d’une combinaison hérissée de clous à l’intérieur, directement inspirée des fantasmes sado-machistes les plus fous, il souffrait ainsi le martyre à chaque coup qu’il recevait, et restituait au centuple la douleur qu’il en avait éprouvée. Tout cela en guise de pénitence – d’où son surnom – pour le mal qu’il avait commis, et continuait de commettre.

 

penance-6-a.jpgRedevenu le sémillant Speedball après la chute d’Osborn, il est entré à l’Académie des Vengeurs, afin d’être utile aux autres. Mais la plaie intérieure qui est la sienne n’était pas encore tout à fait refermée, et c’est donc à cette ultime phase de la convalescence que nous convie Christos Gage. Un choix judicieux, puisqu’il est aussi le scénariste en titre d’« Avengers Academy ». Gage nous livre ainsi un récit en sept chapitres, où il développe et approfondit la personnalité de Speedball, un personnage pour le moins fascinant, tiraillé entre un fort sentiment de culpabilité et la volonté apparemment désespérée de se racheter. Cette dimension « morale » n’empèse toutefois en rien le récit, les rebondissements se succédant les uns aux autres, et, qui plus est, sans tomber nécessairement dans les clichés narratifs des scènes d’action super-héroïques : super-héros meurtri, Speedball ne se sort pas de toutes les situations comme on imaginerait qu’il le fît, ne serait-ce qu’à cause du sentiment de culpabilité qui l’habite et qui le conduit à adopter parfois un comportement inattendu.

 

penance-1-b.jpgLa seule réserve, sur le plan scénaristique, porte sur la fin du récit, qui traîne peut-être un peu en longueur, et frise parfois le grand-guignolesque. Bien que Christos Gage trouve en général le ton juste, il ne convainc pas vraiment ici, entre autres à cause de la sentimentalité, pour ne pas dire la sensiblerie, qui découle des relations entre les personnages, telles qu’elles évoluent. Cette impression est sans doute aussi renforcée par la prestation peu consensuelle de Mike Mayhew au dessin, dont les planches illustrent cet article. Comme on le voit, cet artiste a opté pour un style hyperréaliste, avec un encrage assez discret et, sur bien des images, un travail à partir de photographies. C’est parfois séduisant, mais l’on ne peut s’empêcher de trouver le rendu souvent artificiel, trop figé, pas assez chaud et dynamique, comme on l’attend d’un comics. S’il n’y a rien à lui reprocher sur le plan du story-telling, Mike Mayhew risque de rebuter plus d’un lecteur par son graphisme, et il est certain qu’il ne contribue pas à valoriser le scénario, qui se serait mieux accommodé d’un dessinateur plus proche des canons du comic book.

 

Article lié : « Fear Itself 6 : The Home Front »

 

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Publié dans Revues & Albums

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