Marvel Icons 9 : Les « Nouveaux vengeurs » par Michael Bendis et Daniel Acuña

Le « Marvel Icons » de ce mois d’octobre vous offre 70 pages de bandes dessinées consacrées à Iron Man, ainsi que deux épisodes des Nouveaux Vengeurs. Et c’est à ces derniers que nous nous nintéresserons aujourd’hui. Le choix est un peu surprenant, dans la mesure où les numéros 8 et 9 de la revue américaine « News Avengers », qui correspondent aux deux chapitres reproduits ici, n’offrent pas de continuité, même s’ils ont été écrits par Michael Bendis, qui garde la main sur cette série.

Le premier épisode est un stand-alone, un de ces chapitres qui servent de pause dans une série, entre deux arcs. On y accompagne le couple Luke Cage et Jessica Jones, lesquels s’offrent une sortie au restaurant bien méritée, maintenant qu’ils ont engagé une baby-sitter. Axé autour des relations du couple, cet opus est plutôt bavard, et c’est sans doute son point faible, même si le Docteur Fatalis va venir interrompre le tête-à-tête, et mettre un peu d'action dans tout ça. Bendis en profite néanmoins pour creuser le personnage de Jessica, et lui donner une place bien définie au sein des Nouveaux Vengeurs, ce qui est plutôt une bonne idée.

Le second chapitre constitue le prologue d’un nouvel arc, « Infinity », qui mêle deux trames narratives, l’une se déroulant dans le passé, en 1959, en mettant en scène Nick Fury, l’autre se situant dans le présent, avec l’équipe actuelle. C’est un artifice bien connu des scénaristes, qui permet de raconter deux histoires pour le prix d’une, et de relancer constamment la dynamique narrative. Ce prologue fonctionne bien, même si on attendra de juger sur pièces pour la suite, le nec plus ultra de ce type de scénario étant quand les deux récits finissent, d’une manière ou d’une autre, par se rejoindre, débouchant – parfois – des situations assez délirantes.

Côté graphisme, plusieurs artistes défilent sous nos yeux. Daniel Acuña s’est chargé de mettre en images la petite soirée de Luke Cage et Jessica Jones, avec son style toujours assez particulier (voir ci-contre). Il joue beaucoup sur la profondeur de champ, avec des personnages mis en relief par un trait relativement appuyé, qui les détache du décor au sein duquel ils évoluent, et des couleurs également bien tranchées, qui rompent avec l’unité tonale des arrière-plans.

Une splash-page est particulièrement réussie, comme on le voit ci-contre, du point de vue du story-telling. L’image représente le couple attablé au restaurant, baigné par la lumière intérieur de la pièce, et se détachant sur le décor en arrière-plan, à la fois parce que celui-ci est dessiné dans un tracé beaucoup plus fin, presque imperceptible, et qu’il est aussi beaucoup plus sombre. La serveuse attend patiemment que Luke et Jessica aient cessé de discuter pour prendre leur commande, mais elle n’en est pour autant réduite à un pur élément décoratif : debout entre les deux protagonistes, comme si elle les séparait l’un de l’autre, elle incarne la mésentente qui s’installe entre eux, et que les bulles qui s’enchaînent les unes aux autres viennent expliciter. La brièveté des échanges, tout comme le choix d’une image unique pour rassembler toutes ces répliques, rythment la scène, en soulignant à la fois la vivacité des réparties, et le fait que le désaccord s’installe durablement entre eux. Si le dessinateur avait choisi de répartir les répliques sur plusieurs cases, avec Luke et Jessica qui seraient apparus successivement, en champ / contre-champ, cette scène aurait été beaucoup plus banale, et sans doute moins « efficace ».

L’épisode suivant, le début de l’arc « Infinity », est quant à lui confié à Mike Deodato, pour les scènes se déroulant dans le présent, et Howard Chaykin, pour celles se passant en 1959. Une alternance stylistique qui permet de traduire, dans la narration même, l’entremêlement des deux trames narratives. Et dont je reparlerai le mois prochain, lorsque la suite de ce récit sera publiée !

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