Avengers 5 : Galactus versus Odin par Matt Fraction et Olivier Coipel

Publié le 11 mai 2012 par megaglob

Hormis un excellent épisode de « Captain America », le magazine « Avengers » de ce mois-ci permet de découvrir le dernier chapitre de l’arc emmené par Matt Fraction et Olivier Coipel, « The Galactus seed », lequel a été publié à l’origine dans la revue américaine « The Mighty Thor » – et non « Thor » comme l’écrit Panini dans sa checklist détaillée, l’éditeur montrant une fois de plus sa compétence en matière de comics.

Matt Fraction livre un final assez original, non par l’artifice narratif dont il use, mais par la manière dont il le traite. On se doutait bien, en effet, que le combat entre Thor et le Silver surfer, puis celui entre Odin et Galactus, n’allaient pas déboucher sur la victoire des uns ou des autres. Il fallait donc imaginer une pirouette, qui viendrait résoudre le conflit sans que l’une des têtes d’affiche du catalogue Marvel soit amenée à disparaître. Et c’est bien sûr le jeune Loki qui va apporter une solution au conflit, alors que personne ne s’y attendait. Ce faisant, cette version juvénile du dieu de la malice confirme sa grande pertinence sur le plan narratif, les scénaristes semblant prendre un malin plaisir à jouer avec ce personnage qui, tout en étant l’un des plus anciens du panthéon marvélien, a été renouvelé en profondeur par la métamorphose qu’il a été la sienne juste après « Siège ». Si l’on a l’occasion de critiquer, parfois à juste titre, la relative facilité avec lesquels les super-héros de la Terre 616 meurent et ressuscitent, au point que cela est devenu une astuce qui ne surprend plus personne, le changement que la mort de Loki, adulte, puis son retour sous les traits d’un enfant ont apporté au personnage s’avère, à l’usage, l’une des meilleures trouvailles qui soit sortie ces derniers temps de la Maison de Idées.

Mais, au lieu de scénariser cette intervention du jeune Loki avec force effets dramatiques, Fraction opte au contraire pour une relative retenue, ménageant plusieurs scènes de dialogue d’orientation plutôt psychologique, où la posture de certains personnages, à commencer par le pasteur de Broxton, est approfondie, en vu de préparer le dénouement. Ou plutôt, les dénouements. Car, si le conflit qui dessinait la trame narrative générale est résolu par une initiative de Loki, ce dernier chapitre scelle aussi le destin de deux autres personnages, qui n’apparaîtront plus avec les mêmes fonctions désormais.

Cet arc se révèle donc une bonne surprise à tous points de vue : après des chapitres plutôt rythmés, où Thor et le Silver surfer combattaient pied à pied, l’un pour son père, l’autre pour son seigneur, cette conclusion débouche sur quelques belles surprises, qui n’en sont pas moins parfaitement logiques par rapport à la continuité de l’univers, et en regard des récents événements que cet arc relatait. A ce titre, « The Galactus seed » apparaît presque comme une série limitée, distincte de l’on-going série sous la bannière de laquelle il a été publié, tant il est cohérent et abouti en lui-même.

Sur le plan graphique, Olivier Coipel parachève son travail, avec la même efficacité que dans les épisodes précédents. Il excelle entre autres par ces très belles planches qui s’étalent sur deux pleines pages, comme celle reproduite ci-dessous :

L’artiste joue sur la taille des vignettes pour rythmer son récit. Les cases du haut, étirées à l’extrême, prennent toute la largeur de la double page, et, si l’illustration centrale focalise l’attention par sa dimension, elles sont toutes trois auréolées par les rayons d’énergie qui zèbrent chacune d’elles, à partir d’un point focal qui est toujours décalé d’une image à l’autre, afin de dynamiser l’ensemble. Suivent, en bas de page, plusieurs petites vignettes qui sont comme empilées les unes sur les autres, dont le cadrage très serré contraste avec les vues d’ensemble très larges du haut de page, ce qui souligne par la même que la tension dramatique touche à son comble.

Du très bon travail. Il convient d’en profiter car, dès l’épisode suivant, ce sera Pasqual Ferry qui sera au dessin. Et la différence risque de se faire cruellement sentir…