X-Men 165 : « Nation X » : Matt Fraction sait où il va…
Le « X-Men » de ce mois d’octobre propose une nouvelle fois deux chapitres de « Nation X », parus initialement dans les numéros 519 et 520 de la revue « Uncanny X-Men », en février et mars 2010.
Ce récit signé Matt Fraction a pu en dérouter certains, par la tournure que prenaient les premiers épisodes. Axés sur la psychologie de Scott Summers, d’Emma Frost, de Xavier, de Psylocke, ou encore de Hank, ceux-ci ont pu donner l’impression d’un arc qui se limiterait à peindre quelques scènes de vie. Dans cette perspective, le retour de Magnéto sur l’astéroïde M est apparu dans un premier temps comme une facilité, Fraction donnant le sentiment d’être allé rechercher ce personnage pour dynamiser son récit. Un procédé qui a été si souvent utilisé dans certaines séries Marvel, comme Spider-Man, que ce qui était au départ une astuce de scénariste n’est plus aujourd’hui perçu que comme un banal artifice.
Toutefois, au fil de ces deux épisodes, on voit le personnage de Magnéto gagner en épaisseur, du fait même que son comportement devient plus énigmatique, tandis que les liens entre certains membres du groupe se tendent ou de distendent un peu plus. De telle sorte que le lecteur ne peut s’empêcher de penser que, l’un avançant avec l’autre, Matt Fraction nous emmène probablement vers une péripétie qui ne devrait pas manquer de souffle, et peut-être relancer un récit qui, au départ, semblait sans grand intérêt, ni très nouveau. Peut-être même que ce retour de Magnéto pourrait trouver une justification qui en ferait un peu plus qu’un simple artifice narratif...
La suite nous le dira, lors de la sortie du prochain numéro, en novembre !
Sur le plan graphique, le premier épisode est signé Terry Dodson, tandis que le suivant l’est par Greg Land, les deux compères qui ont déjà signé les précédents chapitres de « Nation X ». Dodson, dont on a vu quelques aspects stylistique le mois dernier, s’essaie ponctuellement à des mises en page plus recherchées que les plongées, contre-plongées et changements de cadrage auxquelles il nous a habitués, en prenant comme prétexte le voyage au centre de la psyché de Cyclope, afin d'y déloger le void qui y a trouvé refuge (voir ci-contre). Force est d'avouer que je n’ai pas été convaincu : la composition d’ensemble, qui procède par de simples jeux de parallèlismes, est assez pesante, avec ce fond grisâtre très présent, et ces cases dont les formes contournées sont soulignées par une bordure à la couleur indistincte : jaune, beige, or, ocre… Et les dessins ne produisent pas l’effet de dynamisme qu’on serait en droit d'en attendre, peut-être parce que, sur le fond, la mise en scène de l’action reste assez conventionnelle.
Greg Land, de son côté, reste fidèle à lui-même, comme illustré ci-dessus, enchaînant les contrates entre lignes droites et lignes obliques, avec des débordements d'une case sur l'autre, histoire de produire un « effet » de composition. Et nos super-héros ont toujours l’air de poser pour un journal de mode. C’est agréable à voir, mais cela finit par sentir un peu le procédé. La splash-page avec Fantomex, à droite, n’est pourtant pas sans qualités : les détails sont travaillés, la pose bien étudiée, avec de belles lignes de force. Mais le premier plan est assez grossier dans son tracé par rapport au reste de l’image, et le traitement infographique de l'eau jure avec le reste du dessin.
Chacun dans leur style, nos deux dessinateurs produisent ici un travail inégal, même si l’ensemble reste agréable à lire.
Un opus qui ne démérite pas, donc, sans éblouir pour autant.
La revue propose ensuite un nouvel épisode de l'arc « Voyage au centre du bouffon » des X-Men Noirs, et un chapitre des « Nouveaux Mutants » lié au cross-over « Necrosha », qui fera l'objet d'une prochaine chronique.
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