Captain America : « Forever Allies »

Publié le par megaglob

Young Allies coverDe nombreuses séries limitées fleurissent depuis « Reborn / Renaissance », qui vit le retour du « vrai » Captain America, et remit le personnage sur le devant de la scène marvélienne. Un intérêt que l’attente du film qui lui sera consacré n'a fait qu'entretenir depuis.

 

Parmi ces « limited series », j'ai déjà signalé l’excellent « Patriot », avec son scénario très axé sur la psychologie, et les illustrations des Breitweiser, un brin nostalgiques de l’âge d’or. Ainsi que, dans un tout autre style, « Super Soldier », tout en action, sans doute moins original, mais tout aussi réussi dans son genre.

 

« Forever Allies », dont le premier numéro est paru début août, et dont le quatrième et dernier volet vient de paraître aux Etats-Unis, est de la même veine. Robert Stern y donne la part belle à Bucky Barnes. Celui-ci se rend aux obsèques de l’un des anciens membres des « Young Allies », une équipe de super-justiciers que Bucky dirigea dans les années 1940, sur le front dit « intérieur », afin de soutenir l’effort de guerre des Etats-Unis. C’est alors qu’il croit reconnaître dans l’assistance Lady Lotus… qu’il combattit avec ses jeunes amis en 1943. Et le voici parti sur les traces de cette femme douée de pouvoirs psychiques étonnants – et qui aurait dû être extrêmement âgée aujourd’hui. Une quête qu’il va mener tambour battant, tout en se souvenant par brides de la période passée aux côtés des « Young Allies »…

 

Young Allies planche santucci 1Stern a manifestement pris plaisir à monter cette intrigue à cheval sur deux époques. Il y reprend la bannière des « Jeunes Alliés », lesquels apparurent pour la première fois dans le quatrième numéro de « Captain America », en juin 1941, avant d’avoir leur propre revue, « Young Allies », laquelle vécut l’espace de vingt livraisons. Mais, en même temps, il modifie certains détails, comme le nom des quatre autres membres de l’équipe, qui viennent tenir compagnie à Bucky et Toro : Percival Aloysius O’Toole devient ainsi Patrick O’Toole, et Jefferson Worthing Sandervilt se simplifie en Geoffroy Vandergill. Au contraire, Henry Tinkle s’allonge en Henry Tinkelbaum, pour mieux souligner son origine juive, et le personnage « noir » de service, dans cette équipe pluriethnique, comme l’on dit aujourd’hui, est pour sa part rebaptisé Washington Jones, alias Wash, au lieu du « Whitewash Jones » d'origine, qui impliquait un jeu de mot (« laver blanc ») aux connotations plutôt douteuses.

 

Il y a autour de cette mise à distance de la série des origines une scène amusante, où les Jeunes Alliés refusent de se produire dans une salle de théâtre, car le directeur a tendu en toile de fond une page du comics  « Young Allies » de l'Age d'or. Un directeur qui s'adresse par ailleurs à Wash en l'appelant par son ancien nom...

Young Allies planche Dragotta 1Mais, hormis ces allusions complices, le scénariste a surtout su orchestrer de main de maître les allers-retours entre le présent et le passé, l’un s’éclairant par l’autre, jusqu’au dénouement final. De telle sorte que l’évocation du passé ne tombe jamais dans la nostalgie ou la simple complaisance, mais est toujours motivée par la dynamique générale du récit. Et, pour mieux souligner l’éloignement dans le temps entre les deux actions, l’éditeur a eu la bonne idée de confier à deux artistes différents les planches relatant les aventures de Bucky à l’une et l’autre époque.

 

C’est ainsi Marco Santucci, servi par des encrages qu’il a réalisé en partie, et en partie confiés à Patrick Piazzaguta, qui a dessiné les aventures contemporaines (voir la planche reproduite plus haut), tandis que Nick Dragotta a pris en charge les pages dédiées aux flash-backs (voir ci-contre et ci-dessous). Et les choix s'avèrent judicieux.

 

Santucci brosse des planches à la mise en page déstructurée, avec des personnages qui, à l’occasion sortent des cases, des effets de cadrages « modernes », avec des gros plans rapprochés, des plans obliques, inclinés à droite, puis à gauche, le tout avec un dessin très figuratif, tout en force et tension.

 

Young Allies planche Dragotta 2De son côté, Dragotta a opté pour une mise en page beaucoup plus classique, à l’ancienne, avec des cases rectangulaires, et avec des personnages qui restent sagement dans les cases. De plus, il adopte un trait stylisé, relativement simple, qui marque surtout les volumes, et qui évoque en filigrane les comics des années 40 à 60.

 

Au final, on a un récit dynamique, illustré par deux dessinateurs qui maîtrisent leur palette et donnent à lire, en contrepoint, deux styles de dessin bien démarqués, mais qui ont chacun leur efficacité. Un petit moment de vrai bonheur. Il ne reste plus qu’à espérer que cet opus sera proposé en 2011 aux lecteurs français…

 

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Publié dans Revues & Albums

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