Alex Maleev (2) : une Elektra plus sexy que ninja

Publié le par megaglob

La sortie, la semaine dernière, de l'album « Spider-woman », dessiné par Alex Maleev, est l'occasion de revenir sur cet artiste singulier. Après un premier article consacré à ses couvertures pour la femme-araignée, nous allons découvrir aujourd’hui une Elektra tout aussi inattendue, à travers quelques-unes de ses aquarelles.

 

Même si Elektra est une super-ninja sans pitié, au tempérament plutôt taciturne, les dessinateurs qui se sont chargés de la mettre en scène ont souvent été sensibles à ses charmes, et ont rendu le personnage avec une certaine sensualité. Ce fut encore le cas récemment de Clay Mann, dans le « Marvel Heroes Extra », paru en janvier 2010, qui relate le retour sur Terre d’Elektra.

 

Elektra Maleev

Mais aucun n’a rompu aussi radicalement avec les conventions qu’Alex Maleev, comme on en jugera par les deux aquarelles reproduites ci-dessus. Les poses de la jeune femme, tout d’abord, n’ont plus rien à voir avec les postures martiales qu’elle affecte habituellement. A gauche, elle apparaît la tête rejetée en arrière, les bras croisés sur sa poitrine, comme si elle étaient dénudée et qu’elle cherchait à se protéger des regards. A gauche, elle est allongée, comme drapée dans les plis démesurés de sa tunique, et sa chevelure, dépourvue de bandana, se déploie sur un fond bleu-gris qui suggère un lit.

 

Ces attitudes sont celles de portraits de charme, la première renvoyant explicitement à l’esthétique de la pin-up. Elles peignent une Elektra langoureuse qui, sans être vulgaire, suscite le désir, ainsi que le suggère explicitement le buste de Dare Devil sur la seconde aquarelle : celui-ci, volontairement disproportionné, d’un rouge assombri par des touches de bordeaux, de brun et de noir, semble se pencher sur le corps d’une Elektra qui s’offre à lui.

 

Elektra deux détailsLa sensualité de ces portraits est renforcée par l’opposition entre les couleurs chaudes de la jeune femme (rose et rouge) et le fond grisé, mais aussi par les jeux de lumière sur sa peau, comme le montrent les détails reproduits ci-contre. En exploitant le rendu caractéristique de la peinture à l’aquarelle, qui permet de diluer plus ou moins les couleurs, Maleev crée des zones d’ombre aux colorations incertaines, l’œil y discernant des mélanges de gris, de rouge, et de bleu, ce qui suggère habilement la courbe des cuisses, ou l’arrondi du ventre. A ceci s’ajoutent, sur l’aquarelle de gauche, des touches de rouge volontairement surchargées en eau, qui forment des auréoles, à la fois autour d’Elektra et sur son corps, comme si le ruban qu’elle porte dans les cheveux, sa cape ou encore son string n’avait pas de contours précis, et déteignaient dans l’air ou sur sa peau. Ce procédé souligne le côté éthéré, évanescent, de la jeune femme, mais il suggère aussi la technique du flouté, caractéristique de la photographie érotique à la Hamilton.

  

Elektra en lolita MaleevLa troisième aquarelle d’Elektra signée par Maleev (voir ci-contre) est d’un style légèrement différent. Toujours très suggestif, le portrait évoque néanmoins beaucoup plus l’esthétique des lolitas d’aujourd’hui que celui de la pin-up. Cela est perceptible tout d’abord par la posture, plus effrontée, avec le mouvement du bassin vers l’avant, et la poitrine offerte au regard, sans pudeur, et dont on notera le rendu très naturel. Si l’on compare cette aquarelle avec les deux premières, on a d'ailleurs l’impression qu’Elektra y est plus jeune, plus proche d’une adolescente mutine ou d'un jeune mannequin que de la femme épanouie que donnent à voir les portraits précédents. La sensualité devient ici presque provocation, entre autres à cause du traitement de la lumière qui, comme on le voit sur l’agrandissement de droite, repose cette fois-ci presque essentiellement sur des tonalités chaudes, dans le jaune-orangé, avec seulement quelques touches de gris.

 

Qu’elle soit femme objet ou jeune fille conquérante, on reste dans une vision d’Elektra bien éloignée de la guerrière, et des conventions graphiques des comics Marvel. La preuve, s'il en était besoin, que, pour Alex 

Maleev, la super-ninja est plus un prétexte pour peindre, que le sujet même de ses aquarelles.

 

Articles liés : « Spider-woman » par Brian M. Bendis et Alex Maleev et La « Spider-woman » d'Alex Maleev : une super-héroïne super érotique

 

Lien externe : Les aquarelles d'Alex Maleev

 

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Publié dans Analyses

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